samedi 10 septembre 2011

Marielle repousse ses limites: 200 km à vélo !

«Allez Marielle, c'est la fin de l'été, on a pas mal roulé sur nos bécyks, on est plutôt en forme, alors pourquoi pas terminer la belle saison en beauté et se faire un petit 200 km en une journée?» Ma dulcinée me dit qu'elle va y réfléchir et comme ce n'est pas un non catégorique, je prends pour acquis que le défi est lancé. Il ne me reste plus qu'à trouver une boucle de 200 bornes autour de Montréal !

Puisque notre maître en circuit vélo au Québec sur le net, j'ai nommé l'excellent Patrice Marcotte, professeur à l'Université de Montréal (mot clé Véloberville sur Google), ne nous propose rien à ce kilométrage, aussi en surfant sur le web, je tombe sur des sites contenant le terme brevet de 200 km. À ce terme brevet, mon sang ne fait qu'un tour car cela me replonge instantanément dans mes souvenirs de cyclotourisme en France, lorsque j'étais plus jeune, du temps où je faisais parti d'un club cyclo et cela pendant de nombreuses années. Là bas, au pays de la baguette, du vin rouge et du camembert, le cyclotourisme est roi (surtout le dimanche matin) et la petite reine se taille une grande part dans les loisirs préférés des français Et grâce à sa dynamique fédération, la FFCT, les brevets randonneurs, montagnards, Audax et autres, je les connais pour en avoir complété plusieurs avec mes camarades de club, mais jamais plus de 300 km car j'avais peur de rouler la nuit ... et aussi je ne pensais pas en être capable! J'enviais déjà celles et ceux qui participaient à des brevets plus audaxieux (jeu de mot) de 400, 600 et 1000 bornes, qualificatifs pour le fameux Paris-Brest-Paris. Je me dis que ce serait pour moi l'aboutissement d'une carrière de cyclo et qu'il faudrait que je le fasse un de ces jours au cours de ma vie et avant de tirer ma révérence sur cette belle planète bleue !

Mais revenons au début de la semaine de notre inscription à ce brevet de 200 organisé par le Club Vélo des Randonneurs de Montréal, l'un des rares clubs au Québec, sinon le seul, à proposer la série des brevets qualificatifs au PBP (1200 km faut-il le rappeler!) en relation avec le club des Audax Parisiens qui homologue ce genre d'épreuve. Car ce sont bien d'épreuves physiques et mentales dont on parle avec leur lot de péripéties, d'aventures humaines de toutes sortes, de véritables épopées, sujets à de fabuleux récits qui m'ont toujours passionnés lorsque j'étais plus jeune et encore maintenant. Par échange de courriel avec des membres du CVRM, fort aimables à vrai dire, notre inscription est enregistrée sous réserve de la météo, car tels des chats qui n'aiment pas l'eau et surtout ma chérie, il n'est pas question de rouler si dame nature n'est pas de note côté, autant que cette première expérience soit agréable, sacrebleu !

Enfin nous voilà arrivés au samedi 10 septembre 2011 à 6h30 sur le stationnement du parc de la voie maritime à St Lambert. La journée s'annonce sous les meilleurs auspices puisque le soleil est au rendez-vous escompté et qu'il le restera pour tout notre périple, ainsi qu'un vent qui s'avérera modéré et donc pas trop pénalisant. Nous saluons quelques cyclos présents déballant leur matériel dont un maudit français, Frédéric Perman qui porte un superbe maillot flambant neuf du dernier Paris-Brest-Paris 2011 qui a eu lieu du 21 au 25 août. Mathieu Lapointe, un cyclo sympa de l'organisation, nous remet nos cartes de routes, itinéraire détaillé et cartes géographiques de la balade, ce qui peut s'avérer fort utile au cas où nous nous retrouverions largués en pleine nature. Ce sont donc 13 cyclos (plus 2 autres qui arriveront plus tard) qui s'alignent pour la photo de départ, avec parmi eux, des membres du CVRM, des chevronnés dont quelques uns reviennent aussi du récent PBP, autant dire que ceux-là sont extrêmement affutés. Et il y en a aussi d'autres, plus néophytes, et c'est dans cette catégorie que nous nous classerons.


Dans la fraicheur de ce début de journée, les 40 premiers kms sont parcourus en peloton groupé à vive allure oscillant entre 30 et 35 km/h, les plus aguerris sont devant et mènent la cadence, les autres suivent comme ils peuvent. Pas de pitié pour les plus faibles, après tout c'est bien fait pour nous, nous n'avions qu'a nous entrainer des milliers de kms à des moyennes supersoniques avant de venir nous frotter à l'élite des randonneurs longue distance mais aussi grande vitesse ! Pourtant nous aimons cette vitesse grisante au sein du peloton mais nous savons pertinemment que nos petits jarrets ne tiendront pas le choc pendant 200 km ! Certain s'amuse même à sprinter et à coller l'arrière d'un truck qui nous double à plus de 50 km/h, je ne citerai pas de nom, n'est-ce pas Jean Robert ! Au 1er contrôle du Shell de St Cyprien, nous faisons valider notre carte de route auprès du gérant de la station, preuve de notre passage et de notre horaire indispensable pour l'homologation. Pause santé pour les uns, temps d'un ravitaillement pour les autres, et déjà certains repartent, ce qui a pour effet de scinder le groupe en 2 paquets: le premier des tontons et tata flingueurs, les habitués des brevets qui semblent bien maitrisés leur sujet, et le deuxième, la gang des vélos à sacoches, pour ceux et celle qui ne savent pas encore à quelle sauce ils vont se faire manger, plus inquiet de la distance à parcourir et dont nous faisons évidemment partis.

Vers 9h00, c'est reparti pour le 2éme contrôle situé au km 106, notre groupe de 6 décide de rouler ensemble, d'y aller mollo et de s'organiser sous forme de relais. Ce sont les plus jeunes, Jean-Étienne et Yannick qui ouvrent le bal et ils filent encore à un bon train, derrière ça suit sans rechigner. Puis nous en avons fini avec la direction sud et nous bifurquons maintenant plein ouest avec en point de mire, the difficulté du jour, la célèbre Covey Hill, côtelette bien connue des cyclos de la région de Montréal. La chaleur de la journée commence à s'installer et le parcours de montagnes russes qui précèdent notre sommet mythique commence à émousser nos ardeurs. Les relais se font moins forts, chacun monte à sa main dans les côtes et nous nous regroupons en haut, bel esprit d'équipe, fort apprécié. Enfin le point culminant est atteint après moulte sueur laissée sur le bitume, d'ailleurs j'ai l'honneur de fermer le banc ! Après le regroupement, nous filons sans effort par un doux faux plat et une bonne descente sur St Antoine l'Abbé et sa boulangerie Chartrand, charmant endroit pour le contrôle. Nous rejoignons le premier groupe qui s'est restauré et s'apprête déjà à repartir. Jean Robert, l'intrépide PBPiste, n'a pas terminé de prendre son café-tarte au sucre et il décide de nous attendre et de nous accompagner pour la suite des hostilités. Nous pointons donc nos cartes de route, commandons salade, wrap et tarte au sucre (vraiment sucrulente !) et nous dégustons notre repas sur la terrasse ensoleillée qui jouxte la boulangerie. Notre arrêt durera une heure, incluant une escale au dépanneur du coin pour faire le plein en boissons énergétiques.

Nous remontons à présent vers Montréal, direction est / nord-est, le vent défavorable n'est pas trop fort et les relais sont tout de même bien appréciés, nous permettant de nous mettre à l'abri en attendant notre tour de mener. Notre moyenne horaire est encore bonne, 28 km/h, ceci étant dû essentiellement à notre sprint matinal jusqu'au premier contrôle en compagnie de la meute déchainée. La route zigzague à présent dans la campagne frontalière, fort agréable en cette belle journée de fin d'été pas trop chaude. Quelques coups de cul agrémentent le parcours, notamment quand nous repassons à proximité de la Covey Hill où le relief s'en ressent. Pour ma part, j'essuie un petit coup de pompe aux environs du 140éme km, c'est le bon moment pour absorber mes fioles de gel miracle, tel Astérix avec sa potion magique, ce qui a pour effet de me donner un coup de fouet temporaire. Vivement le prochain contrôle, que je me restaure plus sérieusement ! Apparemment je ne suis pas le seul à m'essouffler derrière les relais fort appuyés de notre ami Jean, a plus de 32 km/h avec léger vent, je vois bien que Bruno et Martin commencent aussi à se faire larguer à cause du rythme un peu trop soutenu de notre maitre. Il n'y a guère que Marielle la féminine du groupe, et les 2 petits jeunes universitaires qui semblent suivre avec moins de difficulté, bravo les amis, mais n'oubliez pas d'attendre les copains. Peu avant le 3éme contrôle au km 166 situé au même endroit que le 1er à St Cyprien, le peloton explose à nouveau et nous voila éparpillés dans la nature à rejoindre notre pause salutaire. Jean et Jean-Étienne se sont payés un petit sprint et nous attendent gentiment pour aller au relais routier du Pétro Canada, endroit idéal avec fauteuil, douches, salles de bain et TV HD pour relaxer, reprendre des forces et discuter principalement de vélo et notamment du Paris-Brest, pas la pâtisserie, l'épreuve mythique ! Carl Morin sur son fixie, parti bien après nous ce matin, nous rejoint tranquillement, il roule en solitaire et cela a l'air de lui plaire. C'est un dur de dur, ayant aussi réalisé le PBP cette année, et j'ai lu ses exploits sur le blog du club qu'il a créé, les Jambes d'Acier, toute une épopée !

Vers 15h15, nous ré-enfourchons nos destriers pour l'ultime ligne droite de 40 km jusque St Lambert. Les corps, surtout les jambes, sont un peu meurtris mais pas détruits car l'adrénaline nous rend euphorique à l'idée de boucler notre premier brevet de 200, en sol québécois pour ma part. Jean continue de mener le petit groupe, faut dire qu'a son allure, il n'y a pas trop de monde pour le dépasser, ah sacré Jean, un maître en la matière pour faire exploser le peloton, le pire c'est qu'il ne le fait pas exprès, il appuie sur les pédales à son rythme ... trop fort pour les autres qui peinent à le suivre. Enfin, nous voilà dans la grosse circulation de la Rive Sud, passant par la 104 qui n'est autre que le boulevard Taschereau et ses innombrables lumières qui nous font perdre notre poisson-pilote de Jean. Heureusement, je suis le régional de l'étape, celui qui connait bien les routes de l'endroit puisque j'habite St Lambert, mes compagnons et gnonne habitant Montréal ou la région de Québec. Peu avant le checkpoint final, nous effectuons la jonction avec Jeannot, et ensemble nous rallions le Couche-Tard de St Lambert avec 207 km au compteur pour un temps de 10 heures et 3 minutes dont 2 heures 30 d'arrêt, moyenne de 27 km/h sur le vélo quand même. Notre gruppetto se congratule, heureux d'avoir passé une formidable journée, dans l'effort et la gentillesse de tous, une belle aventure humaine à vélo tout simplement.


Pour ma part, je suis tout de même déçu, moi qui voulais faire moins de 10 heures, en effet je trouve que cela fait plus classe un 9h58 sur le site du CVRM ! Mais non, c't'une joke, mais ce sera quand même pour la prochaine fois, car prochaine fois il y aura, je l'espère bien, et ce sera l'année prochaine car la saison des brevets est maintenant terminée pour 2011, rendez-vous en 2012. Mon objectif secret (oups je l'ai dit) serait d'aller jusqu'au 400 km en attendant de faire mieux l'année suivante, et ce qui me permettrait d'écrire un nouveau récit avec pour titre: Pascal repousse ses limites, 400 km à vélo. En tout cas, chapeau à Marielle qui a trouvé les ressources pour accomplir son exploit personnel, ce dont je ne doutais absolument point, surtout avec sa nouvelle monture, son Seven en titane, c'est titanesque ! Et aussi, un gros merci à tous ceux qui  prennent de leur temps personnel pour organiser ces épreuves (les Jean, Martin, Mathieu et Jean passe !) car sans eux, pas de récit de ce genre ni de défi personnel à réaliser. Car franchement, qui irait faire des 200, 300, 400, 600, 1200 km pour le plaisir, sinon celui de repousser ses limites à travers cette extraordinaire passion sur 2 roues ?

Merci à notre reporter local et fin de soirée à retourner à Verdun pour déposer ma chérie puis repasser chez Véro pour retourner avec Alex à St Lambert. Grosse journée, il ne faudra pas me bercer pour m'endormir.

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