samedi 14 juin 2014

Un 600 d'anthologie !

Km 0 : Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille. 16 participants au départ de ce brevet de 600 km, un record. 16 mongols, prêts à en baver et se faire rincer pendant 2 jours, qui vont se demander par moment d'égarement, mais pourquoi on fait ça ??? 

 


Km 15 : On sort de la banlieue de la rive sud avec un vent favorable d'ouest modéré. Notre grupetto est composé de moi, Yves, Marc et Martin Dugré, faut préciser car y a beaucoup de Martin dans le club. Gabriel n'est pas venu pour cause de funérailles.

Km 30 : Richelieu, ça roule bien. Martin fait un boucan d’enfer avec sa sacoche qui frotte sur sa roue. Ah ces sacoches Carradice, bien pour le volume, pas terrible pour la fixation ! Il pleut mais c’est acceptable, de toute façon on commence à avoir l’habitude, dans tous les derniers brevets, miss Pluie est de la partie. L’asphalte de la route est vraiment pourri jusque Rougemont, on a même droit à 500 mètres de garnotte.

Km 55 : Contrôle 1 de St Césaire, 7h15. Même temps que l’an passé à mon premier 600, il faisait beau, j’étais avec Sieur René de Rimouski, mon idole, de la bande des rockers mongols, j’ai des posters dans ma chambre ;-) Je dis ça parce que ce gars a fait 3 ultra brevets en 2013, 2 fois 1200 km et 1 fois 1400 km, un vrai super randonneur Jedi ! Notre moyenne est bonne, proche de 27 km/h, pourvu que ça dure. On retrouve quelques unités qui décampent aussi sec quoique mouillées ! Pause courte à la demande de tous et post sur Facebook à tous nos partisans.

Km 80 : On prend la piste cyclable, toujours plus agréable. Pause 5 minutes au Vélogare de Granby. Martin tente un ajustement à sa sacoche qui est trop lourde, ma parole, il a emmené tout son garde robe ! Bernard, qui nous avait rejoints, fait une pause café au Mc Do, c’est sa routine, on le laisse là. On le reverra de temps en temps sur le parcours.

Km 100 : La pluie s’intensifie à Waterloo, morne plaine, a dit Victor Hugo, c’est pas faux ! On poursuit notre route, stoïques. La confrérie Clément and Co fait une pause à l’abri des cocotiers, s’ils attendent que le soleil revienne, ils feraient mieux de se prendre un aller simple pour Cuba !

Km 125 : Pause pipi et étirements à Eastman. Photos devant les affiches de film, le dernier Survivant, serait-ce notre destin, Yves en rigole ! On rajoute de l’huile sur nos chaines couinantes à souhait. Voilà les premières côtelettes avec apothéose au pied des pistes de skis du mont Orford puis la grisante descente sur Magog.


Km 142 : Arrêt repas au Subway au bord du lac Memphré. On se requinque avant le relief tourmenté. Martin cherche au magasin, une plug USB pour son GPS. Le groupe des 4 mousquetaires repart sous le soleil, vent favorable, dans les charmants vallons du lac Massawippi, ça roule facile et nous profitons du moment présent.

Km 160 : On rejoint Bernard qui nous avait dépassés à Magog. C’est le party à Ayers Cliff, musique et ambiance country au programme. On grimpouille les côtelettes en chantant y a de la joie, tant qu’y en a encore, au son de la musique de mon iPhone ! On est heureux, bande de mongols !

Km 181 : Contrôle 2 de Compton, 14h (13h30 en 2013). La sacro-sainte halte crème glacée arrosée de Perrier nous rafraichit, même si ce n’est pas la canicule. Je me mets en court en prévision du relief tourmenté qui va s’intensifier. Ça déconne en gang, on prend des poses durant la pause, voir photos !





Km 210 : On rigole moins, les bosses se succèdent rapidement maintenant. Cependant la bonne humeur est toujours de mise. On reperd Bernard qui s’arrête soudain sur l’accotement.

Km 235 : Contrôle 3 de Cookshire, 17h (16h30 en 2013). On reprend de l’énergie au Subway avant d’attaquer le toboggan infernal qui nous attend jusque Notre Dame des Bois. Recharge d’iPhone et de mon GPS sur sa batterie auxiliaire. Martin déleste son sac d’un pneu de rechange, qu’il cache dans un bosquet, il le récupèrera au retour.

Km 250 : C’est la fameuse route des sommets, on se croque le portrait devant le panneau indicateur ! Chacun craint un peu ce passage difficile, 1400 mètres de dénivelé en 60 kilomètres, dixit Fred. Alors chacun prend son rythme because faut pas se désintégrer dans ses longs faux plats !




Km 280 : La côte finale à Notre Dame des Bois est de toute beauté, ça nous emmène à l’apogée de notre brevet, soit 640 mètres. Au sommet, il est 20h30 et nous allumons nos loupiotes. Marc a des soucis avec sa lampe, problème résolu, c’étaient les connecteurs mal connectés !

Km 300 : La pluie refait son apparition. La bonne descente attendue s’avère être une succession de petits raidillons bien casse pattes. Enfin de la route plate en longeant le lac Mégantic. Il fait nuit, il mouille et on commence à accuser le coup, on a hâte d’arriver au village sinistré en Juillet 2013. La catastrophe s’est déroulée la même nuit que le deuxième brevet de 600, Yves et Marc étaient présents. Lors de mon premier 600, 3 semaines plus tôt, j’avais remarqué en haut de la côte, ce fameux train de la mort, à l’arrêt mais tout moteur allumé, attendant son heure pour essaimer la mort dans le bas du village. Passage à la guérite dans la zone du crash, on se croirait à Beyrouth. Yves mène le groupe sur les indications de Martin Bergeron qui a fait son premier 600 la semaine passée. Nous arrivons enfin au Tim.

Km 325 : Contrôle 4 de Lac-Mégantic, 23h (22h en 2013). On retrouve Olivier, Emmanuel et Sylvain qui attendent que la pluie s’arrête depuis plus d’une heure, encore de doux rêveurs ! Voilà l’accalmie attendue et ils filent, ils ont décidé de dormir en cours de route. Nous séchons nos carcasses en prenant une bonne collation, soupe, panini, café et pepsi. Quant on repart, les Clément et Bernard arrivent, ils vont dormir ici, au motel Quiet, peut-être une sage décision. C’est une bonne stratégie pour récupérer, ne plus se faire mouiller car la météo doit s’améliorer et surtout moins rouler la nuit, ce qui est très exigeant au niveau attention et physique. Le seul bémol est qu’il ne faut manquer le prochain contrôle situé au km 420, heure limite à 9h. C’est ce que j’avais fait l’année passée en solo et ça s’était bien passé, mais cette année j’ai décidé de faire le dodo à Lennoxville, encore 95 bornes à faire de nuit, comme cela, je pourrais comparer. Yves s’est posé la question de dormir au motel, peut-être une prémonition.

Km 345 : On a dépassé Nantes puis nous voici à Milan, vive l’Europe, tout est désert à cette heure de la nuit. La pluie a cessé, en aurait-on terminé avec elle ? Les descentes et les côtes se succèdent toujours.

Km 365 : Pause hygiène à Compton. On retrouve Olivier, Emmanuel et Sylvain qui ont dormi dans un abri pour 20 minutes. Yves se plaint du froid dans les descentes, il a surtout froid à la tête, au niveau de sa plaque de métal, récolté lors de son récent problème au cerveau. Nous repartons tous ensemble, en grupetto de 7 cyclos, les lumières blanches et rouges dansent dans la nuit noire.

Km 375: Yves continue de ahaner en montant les côtes, au ralenti et en queue de peloton. C'est bientôt la fin pour lui, il a des étourdissements, je lui conseille de s'arrêter, on va déclencher le plan OrSec, organisation des secours. Téléphone à plusieurs taxis de Sherbrooke, pas de réponse. Avec Marc, on décide d'arrêter les rares autos qui passent par ici, dans ce coin perdu au fin fond du Québec entre Cookshire et Compton sur la 214, au fin fond de la nuit vers 2h30 du matin. À la 3ème tentative, un pickup s'arrête, Marc négocie avec le jeune chauffeur un lift jusque Cookshire, celui-ci accepte, ouf ! En plus, pas de problème pour mettre le vélo à l'arrière, cool ! Nous reprenons notre route, nous sommes plus serein de savoir notre ami en sécurité, mieux vaut ne pas tenter le diable. Du coup, on s’est fait larguer par le groupe alors on repart en duo, Marc et moi.

Km 395 : Retour sur la 118, plus civilisée mais toujours sans auto, yes ! On atteint Cookshire et sa côtelette d’arrivée avec le Subway visité tout à l’heure. On retrouve Martin qui a récupéré son pneu de spare dans le bosquet. En haut de la côte, on aperçoit le vélo de Yves, il s’est réfugié dans le sas d’entrée d’une Caisse Desjardins, triste coïncidence, c’est dans cette compagnie qu’il travaille ! I va téléphoner à son ex en début de matinée pour le rapatriement. En attendant, on le laisse dans sa couverture de survie et il va dormir un peu.

Km 420 : Contrôle 5 de Lennoxville, 5h30 (8h15 en 2013). Après avoir tiré quelques bords bien appuyés sur la 108, nous voici enfin au dodo promis de l’université Bishop. On prend soin d’aller puncher au dépanneur, des fois qu’on se réveille en retard, ce serait trop bête. Le gardien nous emmène à nos chambres et nous montons les vélos au 2éme étage ! Il est 6h, je mets mon iPhone à sonner pour 7h30, alors pas le temps de niaiser, une douche rapide et zou au lit ! Zzzzzzzz ! Une heure trente de sommeil réparateur s'écoule, pour 8h nous voilà à la cafétéria de Bishop à déjeuner copieusement. Nous apercevons quelques joueurs des Alouettes, sortis de leur nid. On retrouve David l’albertain et nous repartons tous les 4. Marc, Martin, David et moi. Une bonne côte nous attend pour nous remettre en condition et sortir de la vallée du St François.

Km 435 : C’est le festival des routes pourries et des changements de direction jusqu’au lac Magog, c’est vraiment horrible cette portion ! On retrouve la quiétude d’une piste cyclable.

Km 450 : Pause ravito à l’IGA de Magog. J’aurais voulu m’arrêter au Subway, plus tranquille et plus pratique, mais le groupe a décidé que c’était ici. Fait chier car on se perd dans l’immense magasin pour trouver de la bouffe, IGA vive la bouffe ! Puis on s’assoit par terre et au soleil pour grignoter, grrrr, Subway, comme tu me manques ! On se met en court car le soleil semble sortir pour de bon, la température est agréable, voir idéale pour le vélo.

Km 455 : Côte de Southières, on en arrache encore un bon coup, comme c’est abrupt ! Les côtes reprennent leur rythme incessant, faisant exploser notre groupe, Marc et Martin en tête, suivi de David, puis moi en bon dernier mais trop loin quand même ! J’ai pas envie de m’éclater la rate alors je roule à l’économie, en faisant du 4 litres au 100 !

Km 475 : Le grupetto se reforme au coin de la 245, au spa de Bolton, pause rapide et reprise d’énergie pour la suite. Nous rattrapons la 243, la formation ré explose dans le même ordre. Le vent est toujours modéré d’ouest, nord-ouest, donc normalement défavorable jusqu’au retour. Aussi pas de grosse moyenne à prévoir pour la fin du brevet, faut faire avec les éléments ! J’essaie de rattraper David pour faire des relais mais celui-ci me re distance à la faveur d’une côte, dommage.

Km 495 : Nouvel arrêt au dépanneur de Lac Brôme, j’ai besoin d’un café car le sommeil me rattrape. Je retrouve Marc et Martin qui repartent ainsi que David un peu plus tard. Dernière ligne droite jusque Cowansville, dernier contrôle avant St Lambert.

Km 517 : Contrôle 6 de Cowansville, 14h30 (même temps en 2013), l'heure limite étant à 15h32. Arrêt au Tim, le premier du brevet, café, beigne, yaourt et pepsi. Je retrouve David qui vient me montrer comment il renverse son Tim glacé, alors qu’il voulait juste le placer derrière son cou pour se refroidir la nuque ! Bien joué, Dave, il repart seul, et penaud !

Km 525 : Après une brève pause car il faut faire attention au chrono maintenant, me voilà reparti sur la trépidante 104. Marc et Martin me rattrapent par l’arrière (comment ils pourraient faire autrement !) et on fait 10 km en faisant des relais contre le vent. Mais c’est trop intense pour moi alors je les laisse s’escrimer à deux, préférant rouler à mon rythme.

Km 535 : Farniente à Farnham ! Je profite d’une table de piquenique accueillante a l’ombre, pour bouloter mes bouchées de cake énergétique préparé avec amour par moi-même, le bon plan alimentation de l’année ! Je consulte régulièrement mon Facebook et suis ravi par tous ces posts d’encouragement, ça fait du bien. Go Go Go, ça achève !

Km 550 : Je rejoins un cyclo vêtu de rouge au loin, serait-ce David ? Non, c’est Martin ! Je suis étonné de rattraper the machine, seul et à la dérive, il est en manque d’énergie. Ah ben ! Ça valait bien la peine de s’échiner 25 km plus tôt. Petite victoire intérieure.

Km 555 : Tim de St Césaire. Halte dans ce lieu symbolique, c’est notre Mecque des cyclos. C’est là que se passe la dernière pause avant la mise à mort des brevets. Encore un café, un beigne et un pepsi, la formule gagnante. Décidé d’arriver avant 20h, je repart seul, mes compagnons me rejoindront sûrement.



Km 565 : Petit détour dans la campagne montérégienne pour retrouver la 112 et mes acolytes qui me rattrapent déjà. On roulera ensemble jusqu’à la fin.

Km 580 : Juste un petit bout de 112 et nous filons sur la piste cyclable de Chambly. Martin trouve ça agréable ! Je commence à en avoir mon voyage, plein mon casque, j’ai sommeil, un peu mal au cul et ma cheville gauche se coince par moment. C’est sûrement dû à mes cales qui se bloquent pour manque d’huile, je pense même pas à les lubrifier !

Km 598 : Nous retrouvons Gaétan Boucher, pas le gars, la rue ! C’est à ce moment précis que mon GPS et celui de Marc s’éteignent sans prévenir, seraient-ce les extra-terrestres ? Impossible de les redémarrer, fait chier, si près du but !

Km 608 : Contrôle 7 de St Lambert, 19h40 (19h47 en 2013, yes !) Ouf ! Arrivés ! Terminé ! Plein les bottes ! Si on me demande de refaire un autre 600 prochainement, c’est NIET ! Mais bon, je sais que demain sera un autre jour et que je mettrais les choses en perspective. D’ailleurs le lendemain, la réponse au prochain 600 que j’avais programmé le 28 juin sera … peut-être ! Big five pour les 3 amigos de la route qui se congratulent devant le Couche Tard. Petite pensée émue pour notre ami Yves qui a suivi notre progression jusqu’au bout et qui nous envoie un post de félicitations. Remets toi bien, mon Yvounet, pour le prochain 600 avec ta dulcinée, si tout va bien ! Merci à tous nos supporters, sans vous je ne sais pas si j'y arriverais ! Et pendant ces 2 jours de joyeuse pédalée, on cherche toujours la réponse à notre question fondamentale : Pourquoi on fait ça ??? Peut-être parce que nous sommes de véritables mongols 100% pur jus !



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