samedi 2 mai 2015

Mon meilleur et mon pire 200 !!!

Cadran à 5 heures, Marielle ronchonne mais c'est la première debout, déjà excitée à l'idée du brevet de 200 bornes qui nous attend par cette belle journée radieuse annoncée. Routine d'un matin de ride, douche, déjeuner, prépa du matose, une tite caresse à Babette, la chatte de la maison, vélos sur l'auto et nous voilà en route pour la rive sud en partant de Verdun, y a des travaux sur Champlain, vive le printemps et l'enfer des traversées du St Laurent qui commence. 

Petit détour au condo pour ramasser mon appareil photo et nous sommes juste à temps pour le grand rassemblement de la pédale sur la voie maritime. À peine le temps d'installer le setup brevet avec sacoche Arkel et d'enfiler casque et chaussures aux bonnes places, qu'il est l'heure de sortir notre plus beau sourire pour le kodak. Aux stats de Jean, nous sommes 44 braves et bravettes à affronter cette terrible épreuve de 200 km sous un magnifique ciel bleu et soleil printanier. 



On se salue en pédalant dans le peloton, beaucoup de têtes connues et moins connues, beaucoup de frenchies, ils sont partout ces petites bêtes. Serait-ce l'effet boule de neige des réseaux sociaux ou le bouche à oreille qui incite davantage de passionnés à venir s'éclater le samedi sur un 2 roues ou même 3, n'est ce pas Alain ? À moins que ce ne soient nos récits si captivants et remplis d'aventures humaines qui attirent la foule !





Le rythme s'accélère comme à chaque fois en tête de peloton lorsque nous quittons Taschereau et attrapons la Prairie. Le challenge pour nous autres les moins costauds, est de savoir quand on va lâcher le morceau, c'est souvent une question de kilomètres. Ce coup-ci, je me surprends à suivre aisément la fine élite (Fred et autres cinglés non compris) des cyclos véloces, notamment les petits chanteurs à la croix de fer ! De temps en temps, je me retourne pour voir si ma compagne est bien accrochée au TGV, quelques mots et regards me le confirment, alors continuons. 

C'est donc à une moyenne de 32 à l'heure que nous filons plein sud par les petites routes tranquilles montérégiennes. Quelques car back se font entendre mais nous restons en général à 2 de front, vu l'importance du paquet de cyclos, les automobilistes n'osent pas klaxonner, peut-être même qu'ils se réjouissent de nous voir tout joyeux à nous déchainer dans la nature. Le vent d'ouest n'est pas très fort ce matin et ne nuit pas trop à notre progression. 

À ce rythme, les bornes défilent vitesse grand V et nous arrivons prestement au 1er contrôle du Shell de St Cyprien, km 41. L'allure rapide a déjà fait des dégâts à l'arrière du peloton, une vingtaine de cyclos seulement sont arrivés et le reste de la troupe arrive sporadiquement, quelques vélos à la fois, dont Catherine qui se demande encore ce qui se passe car elle n'a pu suivre la meute déchainée. 




On pointe nos cartes, on avale quelques bouchées et on se remet en route sans trop tarder, l'ensemble du troupeau a décidé de se tester, on dirait ! Les tontons flingueurs sont bientôt repartis, mais c'était déjà entendu de mon côté que je ne les suivrais pas davantage, pas envie de me brûler pour le reste de la journée. Je connais mes limites, le sur régime non, le régime de bananes oui.




Nous ré enfourchons donc nos bécanes tout de même rapidos, à la poursuite de MC et Yves qui semblent avoir un pétard dans le cuissard, attendez nous les aminches, on pensait rouler en grupetto. Mais apparement aujourd'hui, c'est chacun pour soi et dieu pour tous. On a même délaissé la pauvre Cath à son propre sort, encore dans le dépanneur lorsque nous reclippions. Il nous faut combler le trou pour revenir sur Papi-Mamie qui foncent tête baissée vers la frontière et la postérité, postérieurs non irrités, je leur souhaite malgré leur feu au cul ;-) Marielle semble suivre facile, Olivier C et David nous emboitent le pas. 

Quelques sensations bizarres me parcourent le corps, je n'ai pas l'énergie habituelle d'aller prendre un relais devant pour remplacer Yves qui roule pour sa belle. Étrange feeling, je reste bien sagement derrière à bouffer mes cakes énergétiques, sûrement que je me suis mal alimenté durant notre rush matinal. 

Au km 56, juste avant de monter sur la 15, ma cocoon me signale qu'elle vient de crever, sa roue arrière bien sûr, pas elle. En un mot, elle est flattée. Même pas le temps de prévenir la gang, que celle-ci a déjà filé, nous laissant à notre propre sort, c'est notre tour. Pendant que nous réparons le flat d'une tripe sur une jante tubeless, Cath nous dépasse tranquillement, un peu déçue de se retrouver à pédaler seule, dure loi du vélo quand on ne suit pas le paquet.

Quinze minutes plus tard, le mécano de service termine sa job plutôt fier de lui, le pneu n'a pas résisté à ses doigts magiques. Nous repartons donc, accrochant au passage les amis Bernard et un autre cyclo qui doit être Robert, beaucoup de monde éparpillé dans la nature, me semble. Le fameux Robert est un gars avec qui j'avais terminé le 100@B7 sous la pluie, terrible épreuve de côtes de plus de 100 bornes à grimper et descendre dans le terrain de jeu de Lyne Bessett, dans les monts entourant Bromont.

Bernard est costaud sur le plat, ils nous tirent à 30 de moyenne vers le sud, nous accrochons le train sans broncher. Bifurcation à l'ouest et c'est parti pour le toboggan casse-pattes du chemin de la Covey Hill. Le soleil commence à taper solide, c'est le moment de bien boire et de s'alimenter car ça va chauffer sur presque 30 kilomètres. Nous rattrapons et dépassons Cath qui semble en arracher. 

Malgré tout ce que je bois et je mange, je ressens à nouveau des baisses d'énergie, pas capable de pousser la machine malgré ma bonne volonté. Je constate que mes compagnons se détachent inexorablement par moment. Je ravale mon impuissance et je me fais violence afin de les accompagner dignement jusqu'au sommet du brevet à 330 mètres d'altitude. C'est exactement la même hauteur que la montagne bretonne du Roch Trevezel qui sera aussi le point culminant du Paris-Brest que nous gravirons en Août prochain, si tout se passe comme prévu.

Nous apercevons au loin une enfilade de cyclos dodelinant sur la colline. Notre petit groupe s'éparpille alors dans la côtelette bien pentue. Marielle, en feu comme d'habitude quand ça grimpe, a pris d'assaut le raidillon sur un grand développement alors que je mouline péniblement sur mon 28x25, je la laisse s'éloigner sans aucune résistance, vas y chérie, éclate toi ! 

Alors que j'atteins le sommet au km 92, Bernard pourtant pas très saignant dans les côtes, me rattrape et attaque la descente à bâtons rompus, rejoignant Marielle. Très peu pour moi, je préfère redescendre sur Franklin bien gentiment, va falloir recharger les accus au contrôle qui s'en vient au km 102. À mi descente, ma cocoon m'attend, comme c'est gentil.

Check point à la station du dépanneur ou nous retrouvons une belle gang de vainqueurs, chacun se restaure copieusement. De mon côté, je ne trouve pas la nourriture escomptée pour me sustenter adéquatement, je me contente de quelques crottes de fromage salées et une banane en me désaltérant avec un Perrier bien frais. Quelques unités repartent dont Yves et MC, nous leur disons à toute à l'heure, peut-être un peu optimiste de ma part, vu mon état proche de l'Ohio !

Je jette un coup d'oeil à ma selle Brooks super confortable mais qui parfois me fait chier, à couiner comme une folle. En regardant d'un peu plus près, je m'aperçois que ma vis de tension continue de se fissurer, à suivre.

Ma douce voulait faire un chrono aujourd'hui et ne pas trop s'arrêter. Alors nous repartons sans tarder en compagnie d'Olivier C, vent arrière jusque St Antoine l'Abbé mais pas d'arrêt à la boulangerie Chartrand, crotte ... de fromage ! Le vent d'ouest est devenu notre allié dans cette portion de circuit sur une cinquantaine de kilomètres. Ça devrait rouler aux toasts beurrés des deux bords, malheureusement je me sens à nouveau vidé, sans force, une sorte de vacuité intérieure m'envahit, je ne peux suivre les allures de 35 à l'heure propulsées par ma dulcinée, je décroche gentiment et plafonne à 30, misère ! À St Chrysostome, nous perdons Olivier dans le labyrinthe de rues, comment a t il fait pour nous perdre de vue, mystère et boule de gomme ? 

Au km 130, j'effectue un rush à 40 a l'heure en apercevant Papi et Mamie retardés par une pause pipi. Malgré la jonction, nous les laissons cependant filer afin qu'il reste dans leur intimité, heureux de cycler en paire. Faut dire aussi que ma force turbo nucléaire n'est pas encore revenue, alors je préfère rouler à ma propre allure. Pourtant mes jambes tournent bien, mes muscles n'ont aucun problème de crampe puisque je ne force pas, c'est juste que je ne peux monter en régime, ce sera mon problème de la journée. 

J'essaie d'analyser ce qui m'arrive car c'est dans ces moments difficiles qu'il faut gérer la situation et le mental peut faire toute la différence. Est-ce mon problème de bronches encore bien obstruées par le temps humide des jours précédents que je traine depuis une semaine ? Ai-je trop forcé ce matin dans la première heure avec les courraillons, a mouliner a haute intensité cardiaque, exercice que je pratique peu à l'entraînement ? Ai-je un autre problème qui m'empêche de retrouver de l'énergie malgré les calories absorbées, genre problème avec mon taux de sucre dans le sang et ma sécrétion d'insuline, piste de solution évoquée après une discussion post-ride avec notre grand gourou Fred ? Vous pouvez toujours m'écrire si vous avez la réponse. 

En attendant, nous en finissons avec le long bord vent arrière, nous pouvons ranger le spinnaker ! Km 154, nous retrouvons la 217 pour 10 km de vent trois quart défavorable. Je me positionne comme il faut dans le sillage de ma partenaire qui me protège comme elle peut. De plus, le paysage est magnifique vu de cet angle, alors que demander de plus, il faut positiver par moment. Marielle est toujours bien en forme et je me sens un peu penaud de la retarder ainsi. Elle est dans un grand jour et on aurait pu faire exploser le chrono si nos deux forces avaient été réunies, une prochaine fois, peut-être. 

Enfin voici le 3ème contrôle du Shell, km 164, je vais pouvoir reposer ma carcasse. Ce ne sera malheureusement pas dans les fauteuils en cuir du Pétro Pass, celui ci semble fermé depuis quelques temps. Quelques randonneurs prennent une pause au soleil qui commence a rougir nos épidermes fraîchement dénudés après ce terrible hiver polaire. Nous ingurgitons liquide et solide, histoire de réalimenter la fournaise en vue du dernier droit jusque St Lambert. 

Nouveau départ dans le même ordre, Papi et Mamie suivis de quelques cyclos d'abord, nous les suivons quelques minutes plus tard. Nous rattrapons Ralph et un gars au Marinoni titane, très à la mode cette année. Martin Dugré en a aussi fait l'acquisition pour cette saison, il me l'a montré ce matin et c'est une bien belle machine. Nous dépassons donc Marinoni titane qui semble en arracher contre le vent, sous l'impulsion de ma chérie, toujours en feu. Quelques kilomètres plus loin, il nous clanchera a toute vitesse, quelle mouche a bien pu le piquer ? 



Km 166, le parcours nous fait bifurquer à gauche, vent d'ouest en pleine gueule. En effet, le GPS le dit, alors il faut le faire, note aux amis qui sont allés tout droit, s'offrant un mini shortcut windless ;-)

Ça commence à sentir l'écurie, mes forces me reviennent un peu et je me permets quelques relais bien appuyés pour soulager Marielle. D'autant plus facile que le final repasse vent favorable lorsque nous retrouvons la Prairie puis Taschereau, la banlieue tant aimée par Rémi, mon ami Picard écolo-anarchiste ;-) Moi, je l'aime bien ce petit coin de paradis, y a même un golf et le St Laurent a proximité, rien à voir avec la banlieue parisienne ! 

À gauche, Pelletier, le km 200 est franchi, yeah, premier de l'année et loin d'être le dernier. Nous escaladons la dernière côte de la 10 nous faisant basculer sur Lapinière puis l'excellente Victoria, fraichement repavée côté Greenfield Park, un pur délice.

Retrouvailles avec notre gang de cycleux du jour, nous estampons notre feuille de route à 15h45, soit 8h45 arrêt compris, meilleure perf sur un 200, pas si mal pour un mort-vivant ! Je dédie ce record perso à Marielle, ma muse de la journée qui m'a bien encadré et ne m'a pas laissé tomber comme une vieille chaussette. Gros bécots tendres à toi, ma chérie.

Nous récupérons en nous désaltérant d'un lait au chocolat bien frais puis retournons au stationnement. Fred est encore là à attendre sa femme, la pauvre Catherine, abandonnée dans la Covey Hill mais récupérée par Benoit, un cyclo de Québec, apprend-on de source officielle ! 

Nous saluons les derniers arrivants dont Papi et Mamie qui sont bien contents eux aussi d'avoir réaliser une bonne journée de travail. Yves me congratule et me rassure en me soufflant à l'oreille qui je suis blanc comme un linge malgré mes coups de soleil ! C'est vrai que je n'étais pas dans mon assiette aujourd'hui, j'ai une semaine pour comprendre ce qui m'est arrivé avant le 300. Repos pour les prochains jours, histoire de se refaire une santé et de bien se préparer pour la suite des festivités. 

En rangeant les vélos, je coince les doigts de ma pauvre Marielle dans le coffre de l'auto, belle façon de la remercier pour les services rendus, j'en suis fort confus et quel con je fus. Après ces dernières péripéties, nous rentrons au bercail à Verdun par les ponts hyper achalandés. Grouillez-vous devant, on est déshydraté et affamé !

Soirée sushis, bibines et canapé, puis zou au dodo !

2 commentaires:

  1. Pic d'insuline ? Hypoglycémie réactionnelle
    Oui Fred à raison et Marielle également dans un post ancien
    Un peu de lecture :
    https://www.sport-passion.fr/sante/sport-quels-glucides-consommer.php
    Moralité : éviter pepsi, crèmes glacées, pâtisseries (sucres rapides) et préférer les sucres lents ou à indice glycémique faible.

    Avec cette énergie maintenant disponible, l'utiliser pour rouler à une allure plus élevée.
    Alimentation saine + entrainement productif = De quoi se remotiver pour PBP 2023 en moins de 80 heures !
    Cocher ici pour accepter ce challenge |_|

    Olivier :-)

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  2. Allô Olive J, merci pour tes comms toujours pertinents. J'essaie en effet de supprimer les sucres rapides au profits des sucres lents, meilleurs pour l'endurance. Pour PBP 2023, ce n'est malheureusement plus dans mes objectifs, mon corps et surtout mes vertèbres ont montré qu'elles n'étaient plus capables de me supporter pour un effort de plus de 2 jours. Alors je vais faire avec mes limites et néanmoins continuer de pédaler pour le plaisir. A+ sur la route.

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