samedi 27 juin 2015

Chronique d'un abandon programmé

Samedi 3h31 du matin, message FB de Marie-Claude:
Coucou Pascal, cherche nous pas, on call off. Trop la chienne de la météo de dimanche. Y'a des limites à en chier. Bonne route, on pense à toi.

Ben là ! Rien de tel pour m'encourager juste avant mon départ pour le 2éme brevet de 600 du CVRM prévu à mon agenda. Déjà que j'ai checké la météo toute la semaine en espérant une amélioration de dernière minute. Et je la rechecke, 2 secondes plus tôt. Le samedi est impeccable, belle journée côté température malgré un vent d'est légèrement défavorable. Mais pour le dimanche, c'est l'apocalypse annoncée, des trombes d'eau dès 2h du matin à partir de Mégantic et sans discontinuer pendant toute la journée. Dans ma tête, je me projette à ce fameux dimanche, sortant du motel Quiet à moitié endormi, congelé par une pluie froide et incessante jusqu'à la fin du brevet. En plus, la pluie de nuit avec la série de côtelettes et de descentes dangereuses attend mon passage pour bien me faire douter et me poser la sempiternelle question, mais pourquoi fais-tu ça, mon mongol préféré ?


4h15, le temps s'écoule rapidement, il me faut prendre une décision, y vais-je ou pas ? J'ai bien envie de choker et d'aller me recoucher. J'ai beau me dire que ce serait un bon entrainement pour PBP, mais je me dis aussi qu'aujourdhui, j'ai le choix de ne pas y aller, sans contrainte, surtout que j'ai déjà mon sésame obtenu lors du premier 600. Pour le moment, j'avale mon café, je mange machinalement mes tartines Nutella et ma banane coupée en rondelles, je suis dans les starting blocks. Alors à quoi bon reculer et regretter par la suite ? Tant qu'à faire, puisqu'il va faire beau ce samedi, je décide de me rendre au départ, pour au moins constater si d'autres randonneurs ont eu la même trouille. 



Arrivé au stationnement de la voie maritime, à mon grand étonnement, tous les inscrits sont là, sauf Yves et MC qui ont prévenu Jean la veille. Quelle bande d'inconscients, me dis-je, ou est-ce moi qui panique à tort ? Il va faire une belle journée, la plus belle de l'été, lance Yvon Clément. Oui, mais demain ? lui rétorqué-je. 




Je salue ici toute la gang qui mérite d'être citée au champ d'honneur. Il y a Fred, plus motivé que jamais à battre son record, à la vitesse qu'il va, il est confiant, peut-être trop, d'arriver avant le grand déluge. La famille Jacob et Yvon Clément, les cyclos de St Jean, Michel et France, Sylvain Narbonne, prêt à en découdre depuis plus d'une semaine sur FB, Martin Bergeron qui vient faire un 600 sans entrainement, Olivier C, sans son ombre Ralph, en défaut d'air-lousse, Nathaniel le zig-zagueur ricain, Martin Lemay et ses pneus de 28, enfin l'inévitable et l'infatigab Gaby. Quant à Alain Cuillerier et son bolide rouge, il est venu juste pour faire le 400 et rentrer ce soir, peut-être qu'il avait checké la météo. 



J'ai beau rappeler le bulletin météo exécrable, tout le monde semble s'en foutre. Bah, on appellera le CAA pour nous rapatrier, lâchent Oliver et Gaby. Bravo les gars, bel optimisme ! Quant à moi, no way ! Ma décision est prise, pas question de prendre des risques ce dimanche entre Mégantic et Cookshire. Sans compter la pluie à se farcir toute la journée, même si le vent devrait nous pousser pour le retour. Étant le moins rapide du peloton et n'ayant pas envie de dormir à Lennoxville mais à Mégantic, je suis assuré d'en prendre pour mon grade. Il pleuvra, il mouillera, ce sera la fête à la grenouille !!!

J'annonce mes intentions à Jean, lui parlant d'un probable abandon pour cause de chienne de la météo. Mais j'ai encore un peu de temps pour y réfléchir, au moins en pédalant jusque Waterloo, lieu de mes déconfitures habituelles. Photo de départ, et hop c'est parti, Fred rappelant à Jean qu'il est 5h02 et que pour battre un record à la minute près, c'est gênant ;-)


Au bout de Victoria, nous ne sommes plus que 3 en queue du peloton, Martin L, Gaby et moi. Je trouve que ça va bien vite à mon goût, on est parti sur une moyenne de 28 pour St Césaire avec un vent légèrement contraire. Aurais-je moins de puissance que d'habitude ou serait-ce ma nouvelle sacoche de tube horizontal Tangle Bag de Revelate Design qui offrirait une résistance supplémentaire ? J'ai l'impression que mon vélo est un char d'assaut avec les 3 sacoches remplies et harnachées à mon cadre, mon vélo devant faire un poids de 20 kilos, je rêve d'un bécyk poids plume entre mes jambes. Je m'accroche jusqu'au bout de Grande Ligne, km 22, puis je les laisse filer. Me voilà bon dernier avec un moral de 600 dans les chaussettes. 




Dans ces conditions, ma réflexion tourne vite court, je vais bifurquer sur le parcours, ma seule incertitude est à quel endroit, St Césaire, Waterloo, Magog ? Il fait pourtant vraiment bon à rouler que je me dis en voyant des montgolfières dans le ciel, sans hallucination et sans jeu de mots. Tant qu'à être sur mon vélo de bon matin, je prévois tout de même de faire un gros 200 bornes. Je pourrais ainsi rentrer pas trop tard et profiter de ma soirée en bonne compagnie avec ma cocoon adorée. Du coup, j'échange quelques textos avec Marielle qui se prépare à faire un tour dans les environs de Deux Montagnes pour entretenir sa forme olympique de grimpeuse de côtes. 





J'arrive à St Césaire, je rejoins Martin et Gaby qui ont trouvé le moyen de s'égarer sur le parcours. Rien ne sert de courir, il suffit de savoir lire un GPS. Je leur confirme mon intention d'abandonner mais je fais néanmoins signer ma carte de route, sait-on jamais ? Mes compagnons repartent, je les suis quelques minutes plus tard. J'apprécie la piste cyclable sans plus aucun stress de vérifier le chrono et de contrôler mon allure. Ma balade de cyclotouriste a débuté. Voilà Granby ou je me mets en court car ça commence à chauffer. 



Puis je poursuis ma route jusqu'au dépanneur de Waterloo, point de contrôle du 400. C'est à cet endroit, km 105, que l'abandon est consommé. Je manque de peu le retour de Martin Bergeron ayant fait demi tour à Eastman, pour cause de mal de tête.  





Un sandwich, un Perrier, un texto et je prends la 243 Sud, fraîchement refaite, un vrai délice, qui longe le Lac de Brôme et me ramène à Knowlton.




Me revoilà sur le parcours du 600 mais dans le sens retour. En général, j'arrive à cet endroit, largement fourbu, affamé et déshydraté. Aujourd'hui, étonnamment, j'ai une frite du tonnerre, programmé pour un 600 alors que je vais juste en faire le tiers, une plaisanterie ! Pointe de vitesse jusque Cowansville, le vent est maintenant dans mon dos, je rigole. Pause Subway.




Puis retour par St Césaire, arrêt au Tim par pure habitude. 




Pas de boucle inutile vers le rang du Vide et full pin jusque St Lambert, vent arrière, ça roule aux toasts. J'arrive chez moi vers 16h avec 222 bornes au Garmin. 



Texto à Marielle qui rentre de son périple, c'est confirmé, on passera la soirée ensemble. Fin de 600 impromptu, merci miss météo. Je dormirai ce soir dans un bon lit avec une grasse matinée à la clé. Faut savoir prendre les choses du bon côté !

La suite des événements me donnera raison. La météo aura bien été pourrie pour ce dimanche gris voire noir. Quelques messages échangés avec Fred et Gaby sur la route, me confirmeront que ce 600 a été très dur et bien éprouvant aussi bien à l'aller qu'au retour. 

Pour parfaire ma condition et combler les 400 km manquants à mon plan d'entrainement, je m'offrirai certainement le 300 de la semaine prochaine en guise de représailles. À moins que la météo ne s'y mêle encore ...

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