samedi 23 mai 2015

Plein la gueule ? Non, plein mon cul !

Réveil 3h30, déjeuner, prépa-ration des boissons et de la sacoche de vélo, encore fortement gonflée. Dernière analyse de la météo pour ce brevet de 400 partant vers l'est, fort vent à dominante ouest s'intensifiant en soirée, ça promet pour le retour. En plus, la température s'est refroidie ces derniers jours, et celle-ci va avoisiner le point de congélation pour notre départ. C'est donc habillé en long de la tête au pied que je quitte l'appart à 4h30 afin d'aller rejoindre mes compagnons d'infortune au parking de la voie maritime, distant de 5 km, bon galop d'échauffement. 

Beaucoup de monde pour ce premier 400 de la saison, ça sent le PBP. Personne ne veut manquer ce RV, aussi pour se donner une autre chance en cas d'abandon pour raisons diverses. Salutations de la grosse vingtaine de cyclos et cyclotes, y a de la bonne humeur à se retrouver, tous complices de ce genre d'exercice poussant nos organismes dans leur retranchement extrême. On a signé, c'est pour en chier, telle est la devise qu'on devrait inscrire sur nos maillots en guise de ralliement !









Km 0: Départ à 5h03 (dixit le Garmin), la hiérarchie des force en présence se met en place. Pas de folie pour moi, 400 bornes, c'est long. De plus, ce brevet est côteux à souhait, surtout quand on l'a fait plusieurs fois et qu'on connait par cœur les endroits ou ça va faire mal. Mes amis mongols Yves et MC la jouent safe aussi (dixit Marcus, Ride safe). Ils roulent déjà à leur rythme, derrière, je ne les reverrai pas de la ride. 

Km 10: Je me retrouve dans la deuxième moitié des effectifs avec Ralph, Olivier, René et Benoit, vent favorable de nord-ouest pour quitter la banlieue, ça roule facile. Je fais connaissance, enfin surtout mes fesses, avec ma nouvelle selle Brooks car mon ancienne a du se faire réparer, vis de tension brisée, et cela prendra un certain temps. J'aurais du prévoir le coup et changer ma selle à l'inter-saison, ça m'apprendra. Espérons que je ne vais pas souffrir le martyr, à suivre.

Km 18: Olivier le frenchy, arrêté pour une pause pipi, se joint à nous. Pas de pitié pour les vessies sensibles dans un paquet ! 

Km 30: Un peu plus loin, je stoppe aussi pour pisser un coup, plus capable. Je perds donc mes compagnons du moment et me retrouve seul. En traversant le Richelieu, je suis suivi par Uryah Mark, un habitué des brevets, il a déjà tenté un PBP qu'il a échoué, il s'y était même perdu sur le parcours. Uryah est noir, ce qui est rare dans les brevets du CVRM, il est aussi peu bavard, peut être parce qu'il est anglophone. 

Km 35: Encore un cyclo arrêté pour arroser le gazon, c'est René ! Il se joint à ma récente solitude, ainsi qu'Uryah qui avait soudainement disparu du radar. 

Km 50: Papotage avec René, ça passe le temps tandis que ça roule facile. On stoppe à nouveau, deuxième arrêt pipi pour moi, ça devient pénible. Uryah n'a pas envie d'uriner, il continue seul. 

Km 65: C'est au tour de Jean et Martin Dugré d'arriver par l'arrière. On échange quelques mots et ils ne tardent pas à nous planter là. 

Km 80: Premier raidillon, chemin de gravelle, des roches ont été saupoudrées récemment, faut faire gaffe de ne pas déraper. 

Km 88: Arrêt banane ... et pipi, afin de se délasser les jambes et le reste avant les côtelettes du chemin St Armand.



Km 105: Contrôle 1, Frelighsburg, 9h15. Moyenne de 26 et on n'est pas brûlé pentoute grâce à ce vent favorable. Nous croisons Gaby qui vient juste de repartir pour affronter le relief à son tempo, il est en effet assez lent quand la route s'élève. Les rapidos sont déjà loin, nous retrouvons Ralph, Olivier et Benoit qui bricolent. Jean et Martin Dugré nous saluent et crissent leur camp sur leur beau Marinoni titane. Uryah arrive après nous alors qu'on le croyait devant. S'est-il encore perdu ? J'avale mon reste de grilled cheese en buvant mon premier pepsi de la journée ainsi que la moitié d'une kitkat. 





Km 125: Escalade de la Joy Hill à la moulinette, y a de la joie ! La forte tension de ma selle Brooks flambant neuve me donne de nouveaux appuis, mes muscles semblent travailler différemment et mes ischions s'en ressentent. Je vais peut être le payer par la suite. Je m'étais pourtant juré de ne toucher à rien de mon fit actuel. Quand tout va à merveille, pourquoi changer une solution gagnante. Mais la vis brisée de ma selle en a décidé autrement ! On poursuit en descendant sur Abercorn et en remontant la Scenic, j'accompagne le grimpeur du Bas Saint Laurent. Puis nous basculons dans la vallée de la Missisquoi, wind in the back, yeahhhhh ! C'est un trou de verdure ou chante une rivière ...

Km 148: Stop au dépanneur de Mansonville, je m'offre un Perrier-sandwich. Ralph et Olivier repartent aussitôt. Benoit et Gaby, tiens un revenant, nous attendent pour repartir ensemble. 




Km 152: Après deux bosses, Gaby a déjà disparu par l'arrière. Faut dire que René, le voltigeur de Rimouski, se déchênes ;-). Il a un bon coup de pédale le bougre, et quand ça grimpouille un tantinet, il faut s'accrocher à ses basques pour ne pas se faire larguer. On continue donc à 3 avec Ben, nous resterons dans cette configuration jusque St Césaire. 

Km 164: On rattrape un autre cyclo perdu dans la nature vers Vale Perkins, c'est Martin Lemay, relativement épuisé qui roule au ralenti. Ça l'apprendra a vouloir suivre plus costaud que lui en début de brevet, on paye le prix par la suite, j'ai déjà donné, merci. C'est son premier 400 au CVRM, alors soyons indulgent, faut que l'expérience lui rentre dans le corps ! Surtout qu'on n'est pas encore au bout de nos peines, beaucoup de côtes à gravir encore, jeune Jedï ! 

Km 170: Les côtelettes les plus pentues sont franchies, nous roulons vers Bolton Centre et avalons un autre breveteux peinant dans les côtes, c'est l'ami Bernard. Il se joint à notre trio, dans la descente, merci Newton ! 

Km 178: On retrouve la 243 Ouest, synonyme de vent en pleine gueule. Alors le quatuor s'organise en prenant des relais, chacun son tour, y'en aura pour tout le monde. J'aime ça, cette solidarité dans l'effort, chacun fait sa part pour l'avancement du groupe, ça me donne envie de pleurer tellement c'est beau !

Km 190: J'ai décidé de breaker au dépanneur de Lac Brôme afin de se requinquer avant le dernier rush vers Sutton. René et Ben acquiescent tandis que Bernard continue solo. Perrier, popsicle, amandes et l'inévitablle pipi !




Km 198: Bifurcation sur 215 Sud. On rencontre des cyclos, les notres, de retour de Sutton : Martin Doyon le requin jaune, David l'Albertain buveur de bière, Olivier le philosophe frenchy, Michel et France roulant roue dans roue. Les chanceux, ils ont plus d'une heure d'avance sur nous d'après mes calculs, certainement deux heures à l'arrivée, ce qui se confirmera, ça sert de savoir compter, hein mon Jean !

Km 210: Contrôle 2, Sutton, 14h45. IGA, c'est l'heure de se refaire une santé, je suis affamé. Même menu qu'au 300 au même endroit, sandwich-jambon, taboulé, salade de fruits, pepsi, la formule gagnante. Qu'on est bien au soleil par ce froid de canard, nous ne quitterons pas l'équipement long de toute la journée, cagoule comprise. On retrouve Olivier et Ralph qui repartent avant nous. Ou est passé Bernard ? Certainement au Subway. Recharge de mon GPS et de mon cell avec mes 2 Bolts de Fluxmob, souvenir du cyclo Sindré d'un 300 mémorable. Marielle vient aux nouvelles par texto de temps à autre, je l'informe de notre progression. J'ai pourtant lancé mon application de tracker sur mon iPhone mais elle ne capte pas le réseau dans son lieu de villégiature proche de la frontière. Mais elle m'envoie des textos ...



Km 225: Nouveau départ sur la 215, Nord cette fois, le vent est de côté, ça roule bien. On coupe la 104 pour monter sur le chemin Brôme. Chacun reprend son rythme dans les côtes, René et Ben devant, je ferme la marche puis je les rattrape dans les descentes, je suis le na-nard de la bande. Mon vélo semble filer plus vite que les leurs, sans forcer, serait-ce à grâce à mes nouvelles roues CXP33, plus aérodynamites ?

Km 235: À tribord toute sur le chemin Fullford, vent arrière, encore ! Mais la route est maganée, ça gâche le plaisir. Un dernier rush sur la 243 Nord et voilà Waterloo, morne plaine !

Km 248: Olivier et Ralph sont encore là mais aussi le père, le fils et le st Esprit Clément, signe qu'on rattrape du monde peu à peu. Rien ne sert de courir, il faut partir à point, comme dans le Lapinou et la Tortue de Jean-Robert de la Fontaine ! Pause Perrier x 2, magnum classique et crottes de fromage, superbe cocktail pour alimenter le moteur à explosion. Les 4 repartent avant nous puis notre trio poursuit sa route.





Km 265: Le dernier droit vers Eastman sur la 112 est franchi, le vent nous pousse encore. Nous attaquons le chemin Bonnallie, joli petite route jouxtant le parc du mont Orford, donc bien vallonnée. Mes 2 compères s'éloignent peu à peu à force de grimper à répétition, je monte à mon rythme, ils sont plus véloces que moi, je dois me résigner et ne pas me mettre dans le rouge, LSD !

Km 278: Jonction avec la 220 Est, mes acolytes m'attendent car nous attaquons la direction soit-disant éventée. Nous allons collaborer ensemble, belle solidarité, merci les copains.

Km 288: Ste Anne de la Rochelle, les côtes se succèdent et le vent n'est pas si fort qu'escompté, serait-il en train de baisser, nous sommes un peu déçus ! Je joue à l'élastique derrière mes compagnons. Descente en leader sur Warden, yeahhhh !

Km 298: Rue du Pont et les 6 derniers kilomètres de bosselettes se profilent. Une belle saloperie après tout le relief qu'on s'est empiffré durant la journée, quelques 2700 mètres de dénivelé pour ce 400, un amuse gueule pour le 600 qui en compte presque le double. 


Km 304: Ouf, on retrouve la 112 ! René et Ben ont continué sans m'attendre, RV au Sub de Granby. J'ai droit à un magnifique coucher de soleil sur les monts au loin, arrêt photos, méditation et crottes de fromage. Je termine mon Perrier de secours fixé sur le dessus de ma sacoche, je mets mes loupiotes, être vu, c'est la vie ! Agréable descente sur Grammebaie, comme on dit icitte, fouille moi pourquoi y'a un N et pas un M ! Chus pas trop freiné par le vent, celui-ci brille par son absence.




Km 315: Arrêt Subway avec mes amis, histoire de casser la croûte et l'étape de 100 bornes en 2. Nous fêtons aussi l'arrivée de cette douce nuit. On recharge les accus, soupe boeuf-orge, yogourt-céréales, biscuits chocolat blanc-noix de macadame, mes préférés, accompagnés d'une boisson en fontaine. Repus, nous repartons par la piste cyclable by night, j'adore !




Km 326: Deux lumières clignotantes virevoltent au loin. J'accélère pour voir qui c'est, car oui oui, y 'a encore de la puissance sous le capot, je viens de faire le plein. Ce sont les Clément qui se sont aussi arrêtés, mais au Mc Do. Après contrôle d'identité, nous les laissons filer à l'anglaise, all correct. Je mène la danse sur la piste faiblement éventée et en faux plat descendant, y'a pas de mal.

Km 345: Contrôle 4, St Césaire, 22h30. René termine le travail jusqu'au Tim, Ben est resté sagement dans les roues pendant 30 bornes, il se réserve pour le final. On retrouve  l'éternelle paire en OR, allongés sur la banquette à roupiller, un par banquette ! Dernier picnic, café, roussette et yogourt. Ultime rush vers la métropole, on a le temps d'accrocher le duo infernal Ralph et Olivier.

Km 358: Tel qu'annoncé, Benoit prend un bon relais qui donne le ton du retour, ce sera du 25 à 28 de moyenne malgré une légère résistance venteuse. On a été chanceux, la météo prévoyait des vents violents s'amplifiant dans la nuit, miss météo s'est plantée. Dommage pour les plus rapides qui s'en sont pris plein la gueule, parait-il. Les lumières de Richelieu pointent au loin. Ça roule à fond de train même si ça tire dans les jambes et que mon postérieur me fait jouir depuis plus de 200 bornes. Je n'arrête pas de me lever de ma selle, ce qui me fait gonfler la main droite à force de prendre appui, vive le vélo. Cependant, je serre les dents et je m'accroche, que c'est beau la souffrance humaine.

Km 375: Voilà le toboggan de la 30 et St Hubert tout illuminé. Les derniers coups de pédale en banlieue et bientôt l'arrivée.

Km 390: Contrôle 5 et final, Tim de Brossard, minuit 58. Yes !!! Moins de 20h (19h58) pour faire ce 400 au rabais, pour le kilométrage s'entend. On se congratule, on se selfie. 

Good job, les boys !!! 



Pensée émue pour ceux et celle qui sont encore sur la route et doivent encore se défoncer pour rentrer aux aurores. J'ai déjà donné, merci.

Ma forme physique est bonne, en revanche mon arrière train est en compote. Vivement que je reçoive ma selle réparée par le Yéti pour le 600 dans 3 semaines. Ce sera la 4éme et dernière étape pour notre qualification au PBP 2015. La lumière est au bout du tunnel, amis mongols !


Retour au bercail à 500 mètres de là, suis chanceux, suis le régional de l'étape. Douche, collation encore, canapé devant le Giro puis dodo, je m'en vais rejoindre les bras de Morphée.

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